La scierie Antoine Friederich S.A.
Période : 1960 à 1969 : années 60
La scierie Antoine Friederich S.A.
Le document : La scierie Antoine Friederich S.A.
En 1989, la scierie Friederich était dirigée par Bernard Friederich (1935 – 2012), mais elle avait été créée en 1936 par son père Antoine (1899 – 1983).
Antoine était charron, mais pas le seul charron à Rosheim, ils étaient trop nombreux pour vivre correctement de leur travail. Alors Antoine a réorienté son activité professionnelle vers le travail mécanisé de la première transformation du bois : il est devenu scieur. Il s’est lancé dans l’aventure avec son cousin Émile Wilhelm (1899 – 1970); leurs mamans étaient sœurs. La scierie était installée entre la route de Rosenwiller et la rue Nouvelle et, le long de la voie de chemin de fer (Rosheim–Saint-Nabor), le talus était utilisé pour le stockage des grumes. Antoine y construisit sa maison, l’actuel numéro 24 de la rue Nouvelle et il y développa son activité jusqu’à son transfert au 14 avenue de la Gare, qui était encore à l’époque le 492 de l’avenue du Général Leclerc, à partir de 1957. Dès l’âge de 17 ans, son fils Bernard est venu le rejoindre et l’a accompagné jusqu’à son départ pour le service militaire en 1956 ou il participera à la campagne de Suez. Il réintègre l’entreprise en septembre 1958 dont il prendra la direction jusqu’à son départ en retraite en 1995.
Le siège social de la scierie sera établi dans la maison familiale du 12 avenue de la Gare construite à partir de 1953. Cette maison fut habitée tour à tour par les enfants d’Antoine : d’abord Alice, puis Suzanne, Yvonne et enfin Bernard. Sur le site du « Buerckel », la scierie démarrera réellement en 1964 avec la construction d’un hangar acheté au port autonome de Strasbourg et remonté à Rosheim par des entreprises locales : Bernard Helmbacher pour le terrassement, Xavier Duffner pour la maçonnerie et les frères Ohresser pour la charpente métallique. Elle devient alors la scierie Antoine Friederich S.A, dirigée par Bernard avec la fratrie des enfants Friederich comme associés.
L’activité principale consiste à débiter « sur liste » (à la commande) des grumes résineuses de la région (sapin, épicéa, douglas, pin sylvestre) en sciages sur mesure pour une utilisation en bois de structure ou de charpente. Cette activité est complété de vente de bois de construction dans l’Ouest de la France, et d’une activité saisonnière de sciage à façon pour les menuisiers locaux et pour le dernier charron de Rosheim : André Friederich et son fils Pierre.
L’approvisionnement est surtout local, dans les années 60 par des visites en forêt communale de Rosheim, accompagné par l’agent communal Paul Peterolff, pour le choix des lots de bois. À Compter de 1963, le transport des grumes s’est fait par camion grumier. Un autre camion, d’abord le vieux GMC acquis après guerre, jusqu’à un porteur Volvo permettait, de livrer les produits finis. La production annuelle était dans ces années de 7000 mètres cube de grumes. Elle passera à 12 000 mètres cube en 1983 après de gros investissements : déligneuse automatisée à lames multiples, mécanisations diverses, qui ont nécessité une refonte complète des installations électriques. Dès lors, a scierie tournait avec un effectif de 15 à 20 personnes.
Le fils de Bernard, Nicolas est entré dans la société en 1988, il a pris la direction de l’entreprise au départ en retraite de son père en 1995.L’entreprise n’a pas cessé d’investir :
– dans les outils de première transformation permettant d’obtenir des produits fabriqués (poteaux, poutres, chevrons, solive, madriers, planches, lattes) et des produits connexes (écorces, plaquettes de bois, sciures);
– dans le développement de la valeur ajoutée : séchage, rabotage/profilage, taille à commande numérique, traitement préventif (insecticide, fongicide par trempage).
Pour mieux répondre aux exigences du marché, il a fallu fédérer les acteurs de la filière forêt-bois et un pôle bois-constuction a été créé en 2005 avec C.U.B.E Alsace S.A.S par Nicolas Friederich et les charpentiers Jean Piasentin et Eric Schuler.
La demande a évolué, les bureaux d’étude en charge des gros projets de construction demandent des bois avec une résistance mécanique homogène adaptée à l’usage et pour une bonne sécurité également en cas d’incendie. Cette exigence ne peut pas être régulièrement assurée par le seul bois massif, mais par collage des bois massifs purgés de leur singularité; dont les bois massifs aboutés (BMA) constitués de sciages assemblés de bout à bout. dans le sens de la longueur.
Un projet de construction d’une unité de bois aboutés a été déposé en 2007, il devait s’implémenter au nord de la zone d’activité, mais, pour de multiples raisons…ce projet n’a pas pu aboutir.
En parallèle, la situation économique se complique. Suite à la crise des « subprimes » en 2007-2008, les scieries industrielles européennes ont perdue les marchés nord-américains et se sont rabattues sur les marchés d’Europe Centrale. Ainsi des offres concurrentes allemandes et autrichiennes, au rapport qualité/prix agressif, n’ont laissé aux scieries locales que des productions marginales typées « régionales » ou de « dépannage ».
On constate également un changement dans les métiers de la charpente après 2005, le travail réalisé au préalable par le maître charpentier est maintenant réparti entre 3 acteurs : le concepteur du bureau d’étude, l’opérateurs sur machines à commande numérique et le charpentier poseur. Les conditions d’approvisionnement ont également changées : L’Office National des Forêts (ONF), opérant pour les forêts domaniales et communales en Alsace-Moselle, peut maintenant contractualiser directement avec les scieurs sans passer par des ventes publiques (enchères descendantes ou au rabais)) ce qui favorise les scieries industrielles.
Difficile de maintenir la rentabilité et donc l’activité de la scierie dans de telles condition ! La production sur le site de Rosheim s’arrête en 2012.
Néanmoins ,l’entreprise continue avec une voilure très réduite à Epfig en partenariat avec Chêne Concept (anciennement scierie Meyer).
Un projet de scie mobile, pouvant se déplacer de chantier en chantier, est également à l’étude.