René ANDLAUER : Maître Tapissier Décorateur

Le document : René Andlauer, maître tapissier décorateur.

En 1989, c’est René Andlauer qui exploitait cette entreprise familiale. Son grand-père, Auguste Andlauer (1868-1934) était déjà sellier, il habitait et exerçait son métier depuis 1882 dans la rue principale de Rosheim, presque en face de l’hôpital à l’actuel 15 de la rue du Général de Gaulle.  

Le fils d’Auguste, Victor (1905-1971) a suivi une formation de sellier garnisseur d’abord à Altkirch puis à Obernai. Il est ensuite embauché comme sellier garnisseur à l’entreprise de carrosserie Gangloff de Colmar qui s’était spécialisée dans les années 1930 dans le carrossage des châssis-moteur Bugatti. Victor en réalisait les intérieurs. Par la suite il s’est installé à Rosheim au 263 de la rue des Juifs qui est aujourd’hui le 7 de la rue des Déportés. Il n’y pratiquait plus le garnissage de véhicules mais exerçait ses talents de garnisseur dans la fabrication des sommiers, des matelas de crin, de fauteuils Voltaire etc.

Son fils René viendra le rejoindre dans les années 1950 et ils travailleront ensemble jusqu’en 1971, l’année du décès de Victor. René est né le 11 novembre 1932. Avant d’exercer son métier, René complétera sa formation par des cours accélérés de gestion au Collège Technique Commercial, quai des Bateliers à Strasbourg, pour obtenir son CAP d’aide comptable. Il continue sa formation à l’Ecole de Perfectionnement Professionnel, rue Baldung-Grien à Strasbourg où il obtient son Brevet de Compagnon Tapissier-Décorateur. Elève brillant, il est récompensé par un Diplôme d’Honneur de la Ville de Stasbourg, En 1963, il passe son Brevet de Maîtrise. Sur ces bancs d’école il rencontrera d’autres apprentis : le peintre Herr Maurice de Rosheim, le sculpteur Raymond Keller de Molsheim, Armand Sorg de Radio Sorg à Strasbourg avec qui il pourra partager son intérêt pour l’électronique. Les talents artistiques de René et son coup de crayon remarquable se distinguaient déjà dans ses cahiers d’apprentissage.

Il appréciait particulièrement le côté artistique et la diversité technique du métier et est devenu un spécialiste de la restauration des fauteuils Louis XIII, Louis XV, Louis XVI et Napoléon. Dégarnir, désosser, réparer les structures en bois cassées ou vermoulues, refaire les ressorts brisés et le rembourrage, recouvrir…étaient ses travaux favoris.

En 1958 est créée la société Victor Andlauer & Fils et en 1960 est construit un point de vente dans la rue des Déportés pour mettre en vitrine des exemples de réalisation, des tapis et des échantillons de voilage tenture, passementerie etc… Mais l’activité principale reste la fabrication et la restauration de mobilier : chaises, fauteuils, lits capitonnés, bergères etc. et la réalisation de voilages, tentures et double-rideaux.

Le savoir faire de René Andlauer est largement reconnu et le bouche à oreille lui permettait d’avoir une clientèle prestigieuse mais exigeante. Ses Compétences dépassaient largement celles de tapissier décorateur, il réalisait lui-même les travaux d’ébénisterie et de ferronnerie pour la réalisation ou la restauration de mobilier. Et pour se tenir au courant des modes et tendances il allait chaque année visiter le salon de la décoration de Paris avec son épouse Monique. Pour tous ces travaux il pouvait compter sur l’aide de son épouse Monique et, au décès de son père, de l’aide de son beau-père Georges Fischer.

Pour la venue du pape Jean-Paul II au mont St Odile en octobre 1988, le chanoine Diss a confié à René Andlauer la réalisation de pièces remarquables : un fauteuil, un prie-Dieu et un coussin pour le Saint-Père. Le fauteuil a été réalisé sur la base d’une vieille carcasse stockée au grenier du Mont Sainte-Odile, le tissu : blanc avec fil d’or a été choisi par Monique. Le prie-Dieu a été revêtu d’un velours rouge.

René n’est pas seulement un excellent tapissier il est également passionné par le dessin, la photographie et surtout la musique. Il était pendant de très nombreuses années membre actif, en tant que violoniste aux orchestres philharmoniques d’Obernai (56 ans) et de Molsheim. Il est surtout un curieux touche-à-tout : il aime comprendre comment ça marche et n’hésite pas à démonter et transformer les objets. Très engagé dans le monde associatif, il a été pendant 23 ans le trésorier de l’association des « Amis de Rosheim ».

René Andlauer a pris sa retraite en 1992, une retraite toutefois bien active compte tenu de ses nombreuses autres passions, mais malheureusement contrariée ces dernières années par des problèmes de vue.